Sur quel modèle de couple se construire ?
Je termine ma journée avec deux traces laissées par deux couples que j’ai accompagnés. L’un et l’autre, chacun avec leur histoire et leur singularité s’interrogent : pourquoi devons-nous suivre un modèle de couple particulier ? L’un s’interroge sur l’obligation (introject) qu’ils se sont donnés à acheter un canapé, une maison, ou avoir des enfants, l’autre s’interroge sur la nécessité (autre introject) de vivre un couple monogame et exclusif.
Soupir ! Ce questionnement est une autorisation, redonne de l’espace, permet d’imaginer un couple adapté aux besoins de chacun des partenaires et de la relation.
C’est là que commence une autre phase de la thérapie : « Mais alors, c’est quoi notre couple ? ». Vertige parfois douloureux lorsque le cadre initial disparaît, que les frontières ne sont plus repérables ou que les interdits s’effacent ! Insécurité bienfaisante lorsque les introjects et les modèles (sociaux ou des parents) apparemment imposés vont se dissoudre. Insécurité bienfaisante encore lorsque le couple s’interroge alors sur son identité, son projet, sa raison d’être.
La tâche n’est pas toujours simple pour le thérapeute d’accepter cette déconstruction nécessaire. Ce qui m’a touché dans le travail avec ces deux couples, c’est d’une part leur absence de réponse sur l’identité ou le projet de leur couple, mais d’autre part leur conviction claire : Accepter ensemble de sortir de modèles, se parler de leurs doutes et de leurs élans, chercher ensemble à construire une entité couple singulière qui leur ressemble est plus important que tout résultat et toute solution. Si la communication est suffisamment fluide au sein du couple, on peut dire que le travail commence, le travail du thérapeute consistera à soutenir cette élaboration singulière, puis progressivement s’effacer.
Jean-Paul SAUZEDE