Quel changement dans le couple : paramétrique ou systémique ?
En ces temps de grèves qui compliquent notre vie personnelle et perturbent notre vie professionnelle, je pensais qu’un peu d’humour mettrait du baume sur cette fin d’année.
Je lisais ce matin un article sur le nouveau vocabulaire de la réforme de la retraite et ses « éléments de langage ».
Ces deux termes, paramétriques et systémiques, sont en passe de faire partie de notre langage quotidien à tel point qu’un coiffeur parisien , interroge ses clients sur leur souhait d’une coupe paramétrique ou systémique. Une coupe paramétrique serait juste un rafraîchissement de la coupe actuelle, alors qu’une coupe systémique serait un complet changement de look pour les fêtes.
Cela m’a beaucoup amusée et comme le couple n’est jamais loin de mes pensées, je me suis interrogée de savoir si nous pouvions faire cette distinction dans notre pratique.
Et, j’en ai conclu que bien sûr, cette notion pouvait aisément s’inscrire dans notre pratique de thérapeute du couple. Nous employions d’ailleurs depuis longtemps l’expression de changement systémique.
Ainsi un changement paramétrique serait uniquement une adaptation du fonctionnement du couple et le changement systémique serait un changement profond des interactions et processus de décisions.
Pour illustration, je pense à ce couple dont l’un des conjoints vit très mal l’évolution du fonctionnement de leur couple que propose son partenaire. Là où depuis 20 ans le couple vivait en fusion et en autarcie totale, avec quelques amis de longue date, qu’ils voyaient toujours ensemble, l’épouse a commencé à étouffer au sein de ce couple, certes harmonieux mais à la longue ennuyeux et irrespirable pour elle.
Elle a donc « revendiqué » le droit de voir des copines seules, d’aller au cinéma voir un film sans son conjoint s’il n’était pas intéressé par le thème du film, de découvrir des expos qui potentiellement ne l’intéressaient pas…Cela a profondément déstabilisé le mari qui disait ne pas reconnaître sa femme, l’avoir perdu, il souffrait d’abandon et la poursuivait dans chaque pièce de la maison lui reprochant les moments qu’elle passait pour elle et qu’elle ne consacrait pas à la famille, allant jusqu’à lu reprocher le temps passé dans son bain. Pour lui, elle traversait une crise de la quarantaine, devenait égoïste, le rejetait…
Dans un premier temps, impuissant devant les évènements il a manifesté son mécontentement et proposé une adaptation paramétrique à savoir qu’elle était « autorisée » à sortir seule avec ses amies une fois par semaine, dans la ville où ils habitent en rentrant à maximum à 22h.
Elle, comprenant sa souffrance et sa surprise et a, dans un premier temps, accepté ses injonctions tout en continuant à lui expliquer qu’elle ne faisait pas cela contre lui ou son couple, mais pour elle et pour eux à terme.
Et, le temps et la thérapie faisant leur œuvre, ils ont modifié leur fonctionnement : sans esprit de revanche, il a commencé à goûter les sorties avec des copains, ne s’est plus senti remis en question par les sorties de sa femme, a apprécié les nouvelles activités qu’elle proposait pour leur couple. Quant à elle, elle a pris soin de ses inquiétudes et ils sont passé d’un couple enfant qui avait grandi ensemble dans une relation fusionnelle à un couple adulte où la confiance et le développement de chacun venait nourrir le couple : un changement systémique donc.
Le changement systémique est pour moi l’enjeu de la thérapie du couple.
Forte de cette réflexion, j’ai donc proposé cette lecture à l’un des couples que je recevais hier. Ils furent un peu surpris et décontenancé, mais avec quelques explications, ils ont adhéré au vocabulaire et à son enjeu.
Ainsi, d’une situation de grèves un peu pesante voire agaçante, j’ai décidé d’y voir un enjeu de réflexion, le couple étant le plus petit système de notre société.
Et si un changement systémique pour tous nous redonnait de l’énergie ?
Quoi qu’il en soit écrire ce petit billet m’a donné le sourire.
Muriel Mounoury Thérapeute du couple