Lorsqu’un tiers amoureux fait consensus
Le Théâtre de boulevard est dépassé.
En thérapie du couple, le théâtre de boulevard, avec l’amant caché dans la placard, ou découvert au détour d’un SMS serait-il périmé ? Il semblerait que la relation extra-conjugale cachée et malencontreusement révélée avec la note d’hôtel dans la poche de Monsieur devienne obsolète.
Nous avons souvent travaillé en formation à la thérapie du couple sur le sens d’un tiers sexuel au sein d’un couple lorsque celui-ci ne fait pas consensus.
Si encore beaucoup de couples viennent en consultation avec des histoires d’infidélité, de relation extra-conjugale, une nouvelle situation fait jour : Celle du couple à trois, trouple engagé, publiquement déclaré ou seulement annoncé au sein du couple.
Une relation tierce révélée.
Voilà plusieurs couples avec lesquels j’ai travaillé qui ont choisi de révéler une relation tierce plutôt que de jouer à maintenir une pseudo-exclusivité qu’ils n’ont pas su ou pu maintenir.
Les formes en sont différentes : Tiers annoncé, délibérément maintenu dans l’ignorance par l’autre partenaire, ou au contraire connu des deux partenaires voire même inclus dans la vie du couple initial. Chacun des couples avec ses moyens va négocier, sur les frontières temporelles et spatiales de la faisabilité de cette relation extérieure et de son inclusion dans la vie du couple qui, de fait, devient trouple.
Jusqu’où dire pour ne pas souffrir ?
En fait, il s’agit surtout pour chacun des partenaires de savoir ce qui est supportable pour l’autre et pour soi-même. Avec une règle éthique qui s’impose : Mieux vaut révéler que mentir ! Par respect pour leur relation, par souci d’authenticité réciproque, les partenaires préfèrent savoir, plutôt que de vivre dans le caché ou le mensonge concernant une relation tierce. Le prix en est parfois douloureux. Les frontières de l’intime du couple initial sont malmenées. Jusqu’où dire ou se taire ? Les comparaisons s’imposent : Que vit le couple d’amants dans sa sexualité, dans le partage du quotidien, de l’intimité émotionnelle ? La peur de l’abandon ou celle de faire souffrir surgissent. La culpabilité s’installe. L’un s’en veut de ne pas être suffisamment tolérant pour accepter ce tiers dans la relation du couple ; l’autre s’en veut d’imposer cette relation extra-conjugale à son partenaire. Le prix de la vérité et de la liberté est lourd à payer. Mais infime néanmoins face à celui d’un couple conformiste qui vivrait dans une fausse transparence nourrie de non-dits et de relations cachées.
Comme agir en tant que professionnel ?
En tant que professionnel, je n’ai pas à choisir le modèle de couple à privilégier.
Par contre, je m’interroge en quoi cette relation extra-conjugale peut être un symptôme du dysfonctionnement du couple dont le problème peut se situer dans l’engagement, la peur de l’étouffement, le désir de faire éclater les frontières du couple… Ou apparaît comme un mode structurel de fonctionnement du couple initial. Qui alors fait couple ? Qui recevoir dans le cabinet ? A ce jour, tant que les deux partenaires considèrent leur relation comme première et privilégiée, c’est avec eux que je travaille, sur un tiers qui fait consensus, mais dont l’existence reconnue reste néanmoins douloureuse. A moins qu’il y ait accord pour exister dans une relation à trois, et alors c’est l’entité-trouple qui sera conviée au cabinet.
Jean-Paul Sauzède.
Comments
Merci Jean-Paul pour ton article !