Ce document a été initialement travaillé au sein d’un atelier de la Société Française de Gestalt en 2009. Nous l’avons complété depuis. Il donne un autre éclairage sur nos fondements théoriques et notre pratique.
1 . Nous considérons que le couple (et la rupture de vie en couple) est un espace préférentiel de réalisation et d’investissement affectif et psychique. Le couple est aussi un espace privilégié d’émergences de souffrances psychiques et affectives. Chacun peut ainsi expérimenter et rejouer ses capacités d’attachement et de tolérance face à l’autre.
2 . La demande d’une thérapie individuelle peut cacher et ainsi éviter un travail préalable de thérapie du couple. Il revient au thérapeute de s’interroger sur la demande à laquelle il souhaite répondre. En cas de thérapie individuelle, alors que la demande est sur le couple, quel(le) partenaire idéal(e) il (elle) pourrait devenir pour son (sa) client(e) ? ».
3 . Nous faisons le choix de travailler avec le client qui est le couple. Chacun des membres du couple va vouloir, avec le thérapeute et face à son partenaire, travailler sur ses problématiques individuelles et expliquer comment il est victime du comportement de l’autre.
4 . Par ailleurs le thérapeute va être sollicité sur ses alliances personnelles avec le couple, ou l’un ou l’autre des deux partenaires, du fait de ses projections et représentations de ses propres couples (historique et actuel, parental et conjugal). En ce sens, La thérapie de couple est un des espaces thérapeutiques réputé le plus difficile.
5 . Le couple sollicitant une thérapie de couple vient avec une plainte-symptôme (violence, relation extra-conjugale, absence de sexualité, déséquilibre relationnel…) .
Le symptôme n’est pas le problème. Pour autant le symptôme peut faire problème et a une fonction dans l’organisation du couple.
La difficulté du thérapeute est de ne pas confondre le symptôme du couple, qui met le couple en crise, et le problème dont parle le symptôme.
6 . Nous posons comme hypothèse qu’un couple sain est un couple qui a les compétences suffisantes pour gérer les crises qu’il traverse, (B.Lynch) avec ou sans l’aide de tiers ?
L’enjeu de la thérapie de couple sera de mettre en avant les compétences que présente le couple pour se développer et dépasser ses crises (M.V. Miller) (capacité à l’engagement, à l’intimité, à la mobilité, à une relation constructive). Ce sont ses capacité de mobilité et de plasticité, sa maturité émotionnelle qui lui permettront de sortir du noir ou blanc et accepter les zones de gris.
7 . Le couple est une construction fonctionnelle, organisationnelle et conjoncturelle. Chaque couple-client a une identité singulière caractérisée par l’histoire de sa relation, l’évolution de son couple, sa culture et sa manière d’être en contact. Le thérapeute peut soutenir ce processus de formation de formes. Le travail du thérapeute sera d’identifier, puis de déséquilibrer les formes en présence devenues pathogènes afin de favoriser une nouvelle homéostasie. Pour cela le thérapeute de couple peut travailler à différents niveaux logiques en fonction de l’organisation du couple en présence :
8 . – Avec les notions systémiques de frontières, de hiérarchie, de places, de trans-genérationnel.
9 . – Avec l’observation par le thérapeute des construction/déconstructions de Gestalt au sein du couple qui sont de deux ordres :
D’une part l’évolution des modalités relationnelles du couple (passages de la fusion à la différenciation, qui auront des répercussions sur les frontières du couple et son engagement, la qualité de communication etc…)
D’autre part les événements existentiels qui vont perturber la relation du couple : arrivée/départ des enfants, réalisations de projets (installation dans une nouvelle maison), changements professionnels, décès d’un enfant ou d’un parent, maladie, etc.
10 . – Sur la capacité que le couple a de s’approprier la perception et la signification émotionnelle des événements qui traversent la vie du couple ou des modes de présence de chacun des partenaires (F.M. Staemmler). Ce qui sera travaillé en circularité par le thérapeute.
11 – Une thérapie du couple réussie permettra de remettre de la mobilité pour chaque partenaire et au sein du couple. A partir d’un événement qui aura fait symptôme le couple et chacun des partenaires vont continuer à rester vivant, c’est à dire à construire et déconstruire des Gestalt, à remettre de l’élasticité entre couple/individu avec l’issue possible de la séparation.